Rencontres et Interviews
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Le groupe Loveless, composé de Nana Kitade (Kesenai Tsumi - opening de Fullmetal Alchemist) et Taizo, guitariste, profite de sa tournée pour participer au TGS Ohanami. Deux heures avant leur concert le dimanche soir, ils se rendent à une conférence publique, où photos et vidéos sont interdites. Voici la transcription de l'échange entre Loveless et son public français…
D’où vous est venue l’idée de monter un duo ?
Taizo : J’aimais beaucoup l’énergie que Nana mettait dans ses chansons, je me suis dis que je pouvais sûrement faire quelque chose avec cette dynamique, c’est comme ça qu’est née l’idée.
Nana Kitade : On avait déjà travaillé ensemble sur l’album « Bontage » , j’aimais bien cette ambiance entre nous, du coup, on a décidé de sublimer notre travail en commun. Et Loveless est né.
Quels artistes vous ont inspiré quand vous étiez plus jeunes ?
Nana : j’ai été très inspirée par des artistes néo-réalistes, dont Chekou ( ?)
Taizo : moi je vénère surtout Shûji Terayama, un grand écrivain japonais. Ses œuvres sont une source d’inspiration pour moi. Sinon, Cher est une aussi quelqu’un qui m’a beaucoup marqué.
Quel est votre ressenti sur le public français et européen ?
Nana : j’aime écouter certaines artistes français, alors je me dis que les fans francais de ces artistes m’écoutent de la même manière que moi j’écoute ces mêmes artistes. Et donc je suis fière d’avoir des fans français !
Taiso : Sans distinction entre les fans, japonais ou français, je souhaite juste qu’ils s’entendent bien entre eux, puisqu’ils ont les mêmes goûts pour notre musique.
Nana, vas-tu refaire une collaboration pour « Baby » et « Alice and the Pirate’s » ?
Nana : j’adore ces marques de vêtements et les valeurs qu’elles représentent. Je continuerai à poser pour eux si on me le redemande.
où trouvez-vous l’inspiration pour toutes vos chansons ?
Taizo (réfléchit longuement) : Dans la vie de tous les jours. Quand tout est en accord avec mon état d’esprit, l’inspiration est là, je n’ai plus qu’à la retranscrire.
Nana : Je ne réfléchis pas vraiment, ca me vient comme ça, c’est comme Taizo, dès que quelque chose est en accord avec moi, avec mon être, il faut que je le note. Par exemple, sur le trajet pour venir ici, nous avons croisés des éoliennes, et ces grandes installations m’ont inspirées des sentiments musicaux.
Qu’aimez-vous de la France ?
Nana : j’adore les macarons ! Sinon, il y a aussi Marie Antoinette, l’architecture, l’air et l’ambiance en général…
Taizo : « Minna suki desu !» J’aime tout le monde, ici c’est beaucoup plus chaleureux.
En termes de promotion, comment êtes-vous diffusé en France ?
Taizo : On a été diffusé par une chaîne spécifique française qui s’appelle Nolife, qui est très attachée à la culture japonaise et à la musique. Je crois qu’on peut aussi être diffusé plus rapidement, mais les accords viennent surtout de notre Major, Sony. Il y a beaucoup d’accords en jeu, ca ne dépend pas vraiment de nous, mais si on joue ici aujourd’hui, c’est bien parce que le public nous connaît un peu. Donc si on peut être un peu plus diffusé en France, ca serait encore mieux ;)
Avez-vous un album en préparation ? Et si oui, quand sortira-t-il ?
Nana : chaque jour nous construisons des chansons, des textes et des mélodies, mais nous n’enregistrons pas encore, donc je ne peux pas vraiment dire quand le prochain album sortira vraiment.
Dernière question : Aurez-vous l’occasion de faire quelque chose avec des artistes français que vous aimez bien ?
Nana : Si les possibilités jouent pour nous, oui, ca peut être possible. Sinon, il y a cette chanteuse, Amélie Simon que j’aime beaucoup… Mais je ne pense pas que quelque chose de concret puisse arriver entre nous, hélas… enfin, pour l’instant ;)
Nana conclue l’interview en rappelant au public qu’elle et Taizo tournent actuellement dans 15 pays d’Europe, et qu’ils se réjouissent de voir tous les gens présents à cette petite conférence lors du concert qui débutera une heure après.
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À l'occasion du Salon du Livre de Paris qui se tenait du 23 au 27 mars 2007 à Porte de Versailles, les éditions Ki-oon nous ont fait l'immense bonheur d'inviter Tetsuya Tsutsui, jeune auteur phare de leur catalogue. Pas prétentieux pour un sou, le jeune homme a accepté de nous rencontrer en compagnie Cécile et Ahmed (de Ki-oon, faut suivre enfin !) pour un entretien où nous sommes revenus sur sa carrière et les oeuvres marquantes que sont Dud's Hunt, Reset et Manhole.
Tout d'abord, bonjour M. Tsutsui.
Bonjour.
Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs français qui ne vous connaissent pas encore ?
Je m'appelle Tetsuya Tsutsui. Je n'ai pas encore sorti de “gros titre” au Japon, mais je suis super fier que les lecteurs français aient adopté mes œuvres aussi facilement.
Justement revenons sur votre parcours un peu. Pouvez-vous nous parler de vos influences graphiques et scénaristiques ?
Pour ce qui est du dessin, je me suis inspiré de Kamui Fujiwara (Raika, Dragon Quest - Emblem of roto) et de Katsuhiro Otomo ; pour ce qui est de la construction des histoires elle-même, ma référence absolue est Osamu Tezuka.
Comme vous le disiez, vous n’avez pas encore sorti de blockbuster au Japon, pourtant vous êtes déjà édité à travers le monde. Comment s'est passé la rencontre avec l'éditeur Square Enix ?
La grosse différence, c'est qu’avant d'avoir signé mon contrat avec Square Enix, je dessinais des mangas purement par plaisir. Je me réveillais la nuit avec une idée qui me turlupinait, je ruminais un certain nombre de choses que je n’aimais pas dans la société, et je dessinais des mangas sur ces thèmes. Depuis que je suis sous contrat avec Square Enix, j’ai toujours du plaisir à le faire mais c'est devenu un métier.
Vos œuvres sorties mettent en scène des personnages en proie aux dérives de la société. Est-ce un parti pris scénaristique ou une volonté de dénoncer ? Êtes-vous un auteur engagé ?
Je ne me considère pas comme un auteur engagé. Je n’ai pas l'intention d’être un donneur de leçon. Quand j’écris mes œuvres, c'est juste pour faire un constat sur la société japonaise telle que je la vois. Et en gros quand je donne le manga aux lecteurs, je veux leur dire : “Voilà mon idée de la société japonaise en ce moment, qu'en pensez-vous ?” C'est plus un constat que de la morale. C'est mon ressenti de la société japonaise.
Vos trois œuvres publiées en France ont un titre en anglais, c'est volontaire ?
Il n'y a pas de sens caché derrière tout ça. Comme vous le savez, il y a beaucoup d'anglicismes en japonais. Reset et Manhole sont des mots courants dans cette langue. Pour moi, ce sont des expressions usuelles, je ne les ai pas choisies pour une raison particulière.
Vos histoires sont ancrées dans le quotidien, est-ce un peu votre signature ou pensez-vous essayer d'autres genres comme la fantasy ?
Pour le moment, la fantasy n'est pas un genre qui m'intéresse spécialement. De nombreux mangaka talentueux s’y consacrent, je ne vois donc pas de raison de me pencher dessus. De plus, la plupart de mes idées me viennent du quotidien et de ce que je vis. Je vais donc continuer sur cette ligne moderne pour l’instant.
Comment s'est passée la rencontre avec Ki-oon ?
Ki-oon : En fait, nous sommes tombés sur son site Internet et nous avons trouvé son travail magnifique. Du coup, nous avons décidé de le contacter directement afin de savoir s’il était intéressé par une publication à l'étranger. Il a répondu à notre mail en nous disant qu'il était séduit et voilà. À cette époque, il commençait à peine à travailler pour Square Enix sur Reset.
Vous êtes encore un jeune auteur et pourtant vous êtes déjà publié dans de nombreux pays comme la France, l'Italie, Hong Kong, etc. Comment gérez-vous cet essor ? Avez-vous l'impression d'avoir changé ?
À la base, j'ai commencé ce métier par plaisir et je ne pensais pas qu’autant de personnes pourraient apprécier mon œuvre à travers le monde. Pour le moment, je me contente d’apprécier la chance que j’ai à sa juste valeur.
Le métier de mangaka est très difficile : rythmes de travail infernaux, peu de repos, peu de vacances… Maintenant que vous êtes chez un gros éditeur, si vous en aviez l'opportunité, seriez-vous prêt à travailler sur une grosse série hebdomadaire ?
J'ai un style de travail assez particulier car je pense mon scénario dans son intégralité avant de le dessiner puisque j’écris plutôt des histoires courtes. Le processus de prépublication d'un chapitre par semaine où l'intrigue peut durer 2 ans et s'allonger selon l'envie de l'éditeur ne me correspond pas vraiment. Éventuellement, je pourrais écrire une trame précise, prendre de l’avance et fournir ensuite à mon éditeur un chapitre chaque semaine. Mais de manière générale, le rythme hebdomadaire ne correspond pas à ma conception du travail de mangaka.
Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?
Mon prochain sujet sera quelque chose de plus sérieux. Il ne s’agira pas d’une histoire d'action ou d'horreur mais plutôt d'un documentaire. Ce sera sur un phénomène qui a eu lieu dans les années 50 aux États-Unis au moment du Maccarthisme, le « comic bashing ». À l’époque, les politiciens critiquaient beaucoup la bande dessinée américaine, pour eux si les choses allaient mal, c'était à cause des comics. C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup donc je vais me pencher dessus.
Un petit mot pour vos fans français ?
C'est la première fois que je viens en France et je suis content de rencontrer le public français. Je prends conscience d’énormément de choses et j'espère que mes prochaines œuvres ne vous décevront pas !
Merci pour votre temps.
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Rencontre avec Yves Schlirf, directeur éditorial de Kana, le label manga de l'éditeur belge Dargaud qui publie des titres aussi célèbres que Naruto, Saint Seiya - Les Chevaliers du Zodiaque ou encore Samurai Deeper Kyo.
Q : Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?
Yves Schlirf : Vous trouverez déjà pas mal d'infos sur le site Kana, dans la rubrique édito Kana, politique éditoriale et dans le who's who de Yves Schlirf, directeur éditorial de Kana.
Kana s'est construit autour du shônen manga, un créneau qui était totalement libre à ce moment-là. La collection Kana comporte plusieurs labels : Shonen Kana, Shojo Kana, Dark Kana, Big Kana et Animé Kana.
Q : Avec l'arrivée en nombre de nouveaux éditeurs et près de 40% de sortie en plus par mois, d'après vous, le marché résiste-t-il bien ? Augmente-t-il ?
Y.S. : Oui, c'est assez impressionnant. Le marché résiste bien pour l'instant mais cela pourrait devenir tangent.
Kana est maintenant co-leader avec Glénat du marché manga, nous occupons chacun à peu près un tiers du marché.
Le marché a augmenté de 87 % par rapport à 2002 et est encore en train d'augmenter en volume.
Q : En avez-vous souffert ? Quelle est votre réaction face à ceci ?
Y.S. : Non, 2003 a été une excellente année pour Kana. Mais ma réaction face à cela est : attention ! Le marché est encore nouveau et cette nouvelle vague manga séduit de plus en plus d'éditeurs, c'est presque un nouvel eldorado où chacun veut sa part du gâteau. Certains éditeurs, qui dénigraient pourtant le manga jusqu'ici projettent maintenant d'en publier.
Il y a un vrai risque de voir le marché s'encombrer et étouffer. Seuls les bons éditeurs qui publient de bons livres pourront s'en sortir en définitive. Mais jusque là, on risque de voir apparaître plein d'éditeurs qui font n'importe quoi, n'importe comment et donc que le manga en général en pâtisse.
Q : Quels seraient, selon vous, vos atouts et aussi vos défauts pour affronter la rude concurrence qui s'annonce ?
Y.S. : Kana est présent depuis déjà quelques années et sa notoriété est très bonne.
Notre catalogue comporte de nombreux grands mangas, "Saint Seiya les Chevaliers du Zodiaque", "Hunter X Hunter", "Yu-Gi-Oh!", "Naruto", "Shaman King", etc.. Ils furent et restent des succès au Japon et ont souvent été adaptés en animé avec tout autant de succès et ce, au Japon, aux USA et en France... et ce n'est pas fini !
Kana est vraiment basé sur l'amour des mangas et des auteurs japonais. Nous avons pour eux un très grand respect et tout notre travail s'en ressent, je pense. Notre démarche est vraiment sincère et non pas uniquement dirigée par des motivations commerciales.
Q : Pensez vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt le Magnolia)
Y.S. : Développer un magazine coûte énormément d'argent, il faut donc des moyens financiers très importants. Et quand je parle de magazine, je ne pense pas à une simple compilation d'extraits de mangas mais à un vrai magazine qui contienne du rédactionnel.
Donc, si ces éditeurs bénéficient d'un bon soutien financier et qu'ils se donnent les moyens d'aller au-delà de la vague actuelle où le manga est à la mode et au centre de toutes les attentions, alors oui, ils seront viables.
Q : Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?
Y.S. : Kana édite depuis le début dans le sens japonais et, en quelque sorte, nous avons servi de mètre étalon pour le marché! Les éditeurs japonais ont admiré notre façon de faire pour ensuite l'imposer aux autres éditeurs francophones!
Nous revendiquons vraiment l'édition dans le sens original car éditer un livre c'est d'abord le respecter et donc forcément tout faire pour que notre version se rapproche le plus possible de l'original. Respecter le sens de création du manga est donc quelque chose d'essentiel.
De même, la jaquette fait partie de l'habillage du manga au Japon, il nous semblait donc également naturel de garder cet élément même s'il fallait pour cela bousculer des idées reçues, des habitudes.
En ce qui concerne les onomatopées, elles ne sont pas seulement une indication sonore du manga, elles constituent de vrais éléments graphiques. Les enlever signifie donc que l'on casse la dynamique de la page, le rythme visuel et narratif de l'ensemble. C'est pourquoi, nous les laissons dans la page sans pour autant pénaliser les lecteurs qui ne peuvent pas les "lire" en plaçant une traduction bien intégrée à proximité.
Q : La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, pensez-vous satisfaire ce public actuellement et que prévoyez-vous pour le futur ?
Y.S. : Kana a déjà "Monster", le summum du thriller, "Arms", et "Agharta" deux séries de qualité également. Nous en avons d'autres en préparation mais comme vous le savez les éditeurs japonais n'aiment pas que l'on vende la peau de l'ours avant de "l'avoir signé". Nous n'en dirons donc pas plus mais c'est en effet un des labels que nous voudrions développer sans perdre de vue notre label central, constitutif de Kana: le shônen.
Le fait que plus de seinen apparaissent, ce n'est pas plus mal, cela apporte plus de diversité et donne un meilleur aperçu de l'énorme production japonaise mais de nouveau il ne faut pas non plus que cela mène à l'embouteillage où tout le monde tourne en rond.
Q : Quel titre publié par un de vos concurrents auriez-vous aimé avoir dans votre catalogue ?
Y.S. : Citons "Les trois Adolf" de Tezuka", "20th Century Boys" de Urasawa et "Nana" de Aizawa qui sont chacun dans leurs genres de grande réussites.
Q : Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?
Y.S. : Comme nous l'avons expliqué sur le site, nous nous plongeons dans la presse spécialisée japonaise, nous lisons des tonnes de mangas. Nous nous rendons également au Japon régulièrement, tâter le terrain, visiter les éditeurs, les librairies.
La première sélection est de type visuelle, on est attiré par un graphisme. Ensuite, on demande un résumé du tome et on approfondit les choses de plus en plus jusqu'à être convaincu qu'il faut absolument l'éditer. En outre, je ne désespère pas un jour d'apprendre le japonais…
Q : On a eu l’occasion de lire, dans votre portrait paru dans le magazine Animeland n°90, votre projet d’étoffer votre collection « shôjo kana », quels sont les titres déjà prévus ?
Y.S. : Oui, c'est un de nos projets, nous visons quelques titres mais de nouveau, ne vendons pas la peau de l'ours…
Q : Par ailleurs, où en est le sondage paru sur votre forum concernant le choix de votre prochain shônen ?
Y.S. : Nous avons pris note de tous les avis, ils nous ont été utiles pour voir les envies des lecteurs Kana qui ont la chance de se connecter sur notre site www.mangakana.com. Quelques titres sont en préparation également mais il ne faut pas oublier que cela prend souvent de longs mois pour négocier un titre, la multiplication des éditeurs francophones ne va certainement pas faciliter les choses.
Q : Quel est votre programme pour l'année à venir ?
Y.S. : Consolider nos séries shônens, développer les autres labels, lancer le label "Made in Japan" qui sera un label un peu plus littéraire avec les deux premières séries "Le Sommet des dieux" de Taniguchi Jirô et "Number Five" de Matsumoto Taiyo. Nous avons également envie d'approfondir des contacts dans le reste du monde asiatique et de concrétiser des projets coréens différents de ce que l'on a déjà pu voir. Bref, tout cela est en route mais chut, ne le dites à personne !
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Interview de Raphaël Pennes, gérant au sein du nouvel éditeur de manga Asuka qui sort prochainement 3 nouveaux titres dont Blackjack de Osamu Tezuka en format bunko et Hungry Heart, la toute nouvelle série de l'auteur de Captain Tsubasa (Olive et Tom en France).
Pourriez-vous nous présenter votre politique éditorial ?
Asuka est née de l’association de deux personnalités : Renaud Dayen 30 ans passionné de BD, Comics et manga et Raphaël Pennes, 27 ans passionnée de manga et d’animation japonaise ayant grandi devant le Club Dorothée !Cette association de personnalité, à donné naissance à une envie commune de fonder une maison d’édition dans le but de faire découvrir des auteurs et des œuvres inconnues du public à forte orientation adulte.
En effet, nous souhaitons avec Asuka, proposer la réunification des publics ayant grandi devant leur poste de TV approchant la trentaine et les lecteurs assidus de franco-belge. Une mission très certainement de longue haleine mais qui nous motive jour après jour, surtout depuis que des chefs d’œuvres tels que Bouddha ou des auteurs tels que Taniguchi sont primés à Angoulême. Grâce au travail de petite main d’artisans de la BD qui ont défendu à contre-courant les mangas en France, nous avons aujourd’hui la chance de pouvoir embrasser l’ambition de prendre la place de maison d’édition manga destinés aux adultes, un peu à l’image des éditions Delcourt/Akata…
Nous privilégions donc les titres aux graphismes travaillés, sortant des sentiers battus des grands shounen ou shoujo, et nous axons nos choix sur des scénarios plus travaillés et plus enclin à l’air du temps.
Le nombre de titres publiés par mois a augmenté de près de 40% en 1 an, ne pensez-vous pas arriver trop tard ? N’avez-vous pas peur de la saturation du marché que tant de fans redoutent ?
Le nombre de titres a effectivement considérablement augmenté, d’une part à cause de l’appétit des lecteurs qui réclamaient toujours plus et toujours plus vite (quand on aime on ne compte pas !) et d’autre part, parce que de nouveaux éditeurs sont apparus depuis fin 2002 (Delcourt, Soleil, Tokebi…) et ont ajouté leurs catalogues sur un marché déjà dense.
Nous sommes effectivement soucieux de ne pas tomber dans cette surenchère de sorties, et c’est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons privilégié les mangas plus adultes aux shounen et shoujo déjà fort nombreux sur le marché. Nous avons aussi consciemment choisi de ne pas sortir plus de 3 ou 4 mangas par mois pour ne pas obliger encore plus les lecteurs à faire des choix vis-à-vis de leurs achats.
De plus nous avons pour leitmotiv la prudence : nos tirages et nos frais en général sont volontairement réduit, à la manière des éditions Tonkam, afin de ne pas tomber dans la spirale actuelle qui se résume à dire : « on vend moins d’exemplaires de nos titres alors on double le nombre de sorties ! ».
Mais de toute façon selon nous, ce sont les lecteurs qui détermineront si oui ou non trop de mangas sont publiés tous les mois et les ventes au final ne se résumeront qu’à la qualité ou non des œuvres, du moins nous l’espérons !
En tant que nouvel éditeur, que pensez-vous apporter de plus que vos concurrents déjà implantés sur ce marché ?
Nous espérons vraiment que la rentabilité et le succès d’une œuvre ne se résument pas à simplement apporter quelque chose de plus. Pour nous si une œuvre est aboutie, qu’elle véhicule de l’émotion, de la passion, tout simplement du plaisir lors de sa lecture alors notre mission de découverte sera accomplie.
Nous n’avons pas la science infuse, nous ne prétendons pas faire mieux que les maisons d’édition déjà installées qui ont fait au fil des années, la reconnaissance du manga en France. Nous souhaitons juste avec notre passion que nous partageons avec tous les jeunes et moins jeunes vivrent encore des années de plaisir à découvrir ou redécouvrir des œuvres touchantes.
Je pense qu’Asuka apportera principalement un choix constant qualitatif sur les titres et auteurs proposés, en recul par rapport aux chiffres de ventes généralement déterminant sur les catalogues.
Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?
Nous avons jusqu’à maintenant suivi notre instinct, et les conseils d’un ami Japonais, Takanori Uno actuel correspondant pour les éditions Tonkam (où je travaillais), qui a su comprendre notre volonté éditoriale et nous proposer des œuvres et auteurs totalement inconnus en France mais reconnus au Japon.
La situation ayant un peu changé (Asuka devait être une filiale de Tonkam), depuis mon licenciement mes relations avec les amis à Tonkam ont étés mises à mal. Je part donc désormais seul avec Renaud (mon associé et ami) à la recherche de nouveautés à proposer avec l’aide de jeunes lecteurs qui sont nos conseillers en France, et avec l’aide de nos correspondants dans les maisons d’éditions au japon qui nous proposent sans cesse de découvrir des mangas qui correspondent à notre politique éditoriale.
La raison de nos choix au final pour tel ou tel titre, se résume à une seule chose : « Qu’il nous procure de l’émotion ».
Pensez-vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt Magnolia)
C’est la question du moment, dans les couloirs des maisons d’éditions. Actuellement tous effleurent le rêve de lancer leur propre magazine de prépublication par fierté avant tout. Pour nous, la France n’a pas été conditionnée pour ce genre de procédé. Hormis avec les magazines Disney, le public n’est pas prêt et ne le sera certainement jamais. Il aurait fallu, commencer la prépublication à l’arrivée des mangas en France. Maintenant que les lecteurs sont habitués à acheter tous les deux mois leurs mangas, les mentalités sont installées.
Maintenant, des alternatives existent et Tonkam l’a bien compris. Pour que la prépublication puisse vivre en parallèle des publications classiques, l’éditeur doit avoir une politique claire sur ses volontés avec son magazine. En proposant des œuvres abouties et très attendues du public et surtout en annonçant d’ores et déjà que ces les versions reliées ne sortiront pas en 2004, Tonkam a une politique claire vis-à-vis de la viabilité du magazine et le lecteur n’a pas d’inquiétude. Magnolia proposera toujours des titres de qualité et il sera indispensable de l’acheter pour les découvrir.
Pour Shônen Collection, Pika a eu une approche différente, plus axé sur le test de séries en vue de publication en reliés. C’est une sorte de laboratoire, dans lequel Pika teste des œuvres et leur impact sur le public.
Enfin Tokebi Mag fait de la vrai prépublication mais sur des BD coréennes et sur ce point je pense que les lecteurs de manga ont un blocage pour le moment. SEEBD s’est lancé dans une mission de longue haleine mais leur volonté est de fer et ils réussiront à changer les mentalités.
Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?
Le respect des œuvres est pour nous une obligation pas une exigence. Nous, et les autres éditeurs de manga, ne sommes que des maisons d’éditions de transit ! En effet, nous ne faisons pas de création, nous véhiculons le message des œuvres en les proposant en version française. Notre rôle est de traduire et adapter (modérément) les textes pour le public français. Maintenant, il faut relativiser la psychose des fans. Parfois, il est possible de tout faire à l’égal des éditions japonaises mais parfois des raisons techniques, ou tout simplement la volonté des éditeurs japonais nous empêchent de publier les œuvres à l’égal des éditions japonaises. Donc tout comme les autres éditeurs sur le marché nous mettront toujours tout en œuvre pour respecter le travail original des auteurs au niveau des couvertures.
Le sens japonais est une chose déjà réglé, puisque nous publierons toujours les titres en sens japonais. Pour les formats c’est la même chose. Et pour les onomatopées nous ne les retoucherons pas par respect des dessins, nous décidons actuellement si nous les traduirons ou non à la manière des éditions Kana / Dargaud.
La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, prévoyez vous de satisfaire ce public ?
Effectivement, le « seinen » sera notre activité principale !
Quel est votre programme pour l'année à venir ?
Nous lancerons nos premiers titres, en mars 2004, à raison de 3 titres par mois et à partir de septembre nous sortirons 4 mangas par mois. Notre site ouvrira fin novembre et sera vraiment actif courant décembre avec une volonté clairement affichée de créer une communauté et un vrai dialogue avec les lecteurs avec entre autres des soirées « chat ».
Nous nous attellerons à quelques autres projet, comme l’édition vidéo avec notre label « Eye Catch », qui sortira quelques DVD encore une fois axé sur des œuvres abouties pour public plus mature avec des OAV et films cultes au Japon et encore inédits en France. Nous avons aussi d’autres petits projets pour étendre nos activités mais on vous en reparlera en 2004 !
Merci de nous avoir accordé cette interview
Merci à vous.
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